À Toulouse, la déléguée des parents d’élèves de l’école Georges Hyon veut interpeller la mairie sur les problèmes d’effectifs des ATSEM. (©Delphine Russeil)
Les écoles maternelles de Toulouse sont en manque de personnel. Les effectifs d’Agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles (ATSEM) subissent des taux d’absentéisme importants. C’est la conséquence de multiples difficultés que la mairie de la Ville rose peine à résoudre, couplées à l’épidémie de grippe qui touche de plein fouet la région toulousaine. À l’école Georges Hyon, quartier Bagatelle, la déléguée des parents d’élèves, Delphine Russeil, tire la sonnette d’alarme sur une situation qui dure depuis la mi-octobre.
Des banderoles pour interpeller la mairie
En début d’année 2019, il manque l’équivalent d’un poste et demi dans cet établissement de 108 élèves. « Les soucis de remplacement durent depuis l’automne. Au pic de la crise, il y avait trois ATSEM en moins sur cinq postes », se souvient Delphine Russeil. Avec d’autres parents d’élèves, elle a voulu interpeller la mairie, mardi 29 janvier 2019. Deux banderoles ont été accrochées sur l’école : la première demande le remplacement des ATSEM absentes, tandis que la seconde rappelle la promesse d’une ATSEM par classe, faite par le maire Jean-Luc Moudenc et son équipe.
Au début du mois de février 2019, la mairie de Toulouse a recruté 25 ATSEM supplémentaires. La situation à Georges Hyon s’est améliorée. Une ATSEM va occuper un poste vacant depuis trois mois. « C’est une bonne nouvelle, même si ça ne règle pas tous les soucis », tempère Delphine Russeil.
Dans les écoles maternelles, la mairie de Toulouse promet une ATSEM par classe. (©Delphine Russeil)
Des absences inconfortables pour tous
Dans les écoles maternelles, les ATSEM ont un rôle complémentaire à celui des ‘apprenants’. Une absence se fait automatiquement ressentir : « Les enseignants peuvent se retrouver seuls pour surveiller tous les enfants. Il y a un risque pour la sécurité des élèves », explique la déléguée des parents de l’école, classée en Réseau d’éducation prioritaire (REP+).
Une situation inconfortable pour les enseignants, les élèves, mais aussi pour les ATSEM eux-mêmes, comme le confie le syndicat Sud des collectivités territoriales de la Haute-Garonne (SudCt31) : « La mairie demande aux agents de résister. Mais ces conditions font qu’il y a du mal-être. Les ATSEM ne se reconnaissent plus dans leur métier et certains craquent ». Avec des emplois du temps instables, le métier d’ATSEM connaît son lot de difficultés.
Une situation loin d’être inédite à Toulouse
L’absentéisme qui touche actuellement l’école Georges Hyon n’est pas un phénomène inédit dans la Ville rose. Marion Lalane-de-Laubadère, adjointe au maire déléguée à l’éducation, ne nie pas ces difficultés :
Il y a d’autres écoles où il existe des problèmes d’absentéisme. À Toulouse, on compte 960 ATSEM pour 550 classes. La mairie ne fait pas d’économies là-dessus. Malgré ces chiffres, des enseignants peuvent se retrouver sans ATSEM, car il est impossible de tous les remplacer à 100 %. Il y a des établissements avec des situations plus au moins complexes. L’hiver, c’est une période plus compliquée avec, notamment, des grippes ou des gastros. Le reste de l’année, l’absentéisme n’est pas aussi élevé.
Pour expliquer les difficultés de la situation des ATSEM toulousains, l’élue invoque plusieurs raisons : « Pour recruter un ATSEM, il faut qu’un poste soit laissé vacant. Nous ne pouvons pas recruter pour remplacer un agent en arrêt maladie ». Pour combler ces absences, la municipalité fait appel aux 108 ATSEM de « bassin », qui procèdent aux remplacements. « Il n’y en a quasiment plus. La plupart de ces ATSEM mobiles effectuent des remplacements de longue durée », explique le syndicat Sud.
L’organisation syndicale indique également que la population des ATSEM est âgée. Une particularité démographique qui n’arrange pas la situation, selon l’élue chargée des questions d’éducation : « C’est un problème. Nous n’arrivons pas à recruter aussi vite qu’il n’y a de départ à la retraite. Il faut recréer du vivier ». De son côté, SudCt31, égratigne la municipalité : « La mairie a mis du temps à anticiper cela. Elle commence à le faire maintenant ».
Un concours pour devenir ATSEM organisé à Toulouse
Pour résoudre les problèmes d’absentéisme, la mairie a lancé une nouvelle phase de recrutement de 25 postes. Visiblement en demande de ces agents spécialisés, la ville de Toulouse organise un concours pour devenir ATSEM : « Cela concerne 150 postes. Il ne faut pas hésiter à postuler à ce genre de concours, car nous avons du mal à trouver des ATSEM », témoigne l’adjointe au maire.
De son côté, SudCt31 émet un bémol sur cette idée : « Cela arrive tard et ne sera effectif que pour la rentrée de septembre 2019. De plus, les gens qui passent le concours à Toulouse ne sont pas obligés d’y travailler ». Une affirmation que confirme Marion Lalane-de-Laubadère. « Un habitant de Lille peut venir passer le concours à Toulouse. On sait très bien que Toulouse ne captera pas 100 % des candidats ».
En attendant une éclaircie et des effectifs supplémentaires, les ATSEM toulousains, les parents, et les enfants, doivent faire le dos rond.
Thibaut Calatayud