
Emmanuel Macron s’exprimait mardi 27 novembre pour présenter sa « stratégie » pour la transition écologique des prochaines décennies. (©Image Elysée)
Dans un contexte de crise sociale marquée par le mouvement des gilets jaunes, Emmanuel Macron s’est exprimé mardi matin. Il a dévoilé sa stratégie pour une transition écologique « acceptable » pour les années à venir, dans le cadre d’un Haut conseil pour le climat à l’Elysée.
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Il ne cédera rien aux gilets jaunes
« Cette rencontre prend un écho particulier », a affirmé le chef de l’Etat en préambule, assurant « éprouver de la compréhension à l’égard des citoyens » en colère et qu’il ne confondait pas les manifestants avec les casseurs, mais qu’il ne « céderait rien ».
On ne peut pas être le lundi pour l’environnement et le mardi contre la hausse des taxes sur le carburant.
« J’ai vu les difficultés de ceux qui roulent beaucoup. Ils disent que ce sont toujours les mêmes qui font les efforts. Ils ont raison. On les a conduit collectivement dans la situation dans laquelle ils sont aujourd’hui. […] Mais il y a aussi une alarme environnementale. »
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Réduire la part d’énergies fossiles
Emmanuel Macron a insisté sur l’objectif de sortir de la dépendance aux énergies fossiles. « Nous devons passer d’une France où 75% de l’énergie consommée est d’origine fossile à 2050 à une production et consommation totalement décarbonnée.
La méthode souhaitée par le gouvernement : réduire la consommation d’énergie « de manière concertée ». On utilise le pétrole principalement pour nous déplacer : favoriser les transports en commun, le covoiturage, en soutenant les collectivités territoriales pour y arriver. C’est l’une des mesures contenues dans le projet de loi mobilités présenté lundi par la ministre des Transports Elisabeth Borne.
La réduction de la consommation passe aussi par l’évolution des modes de chauffage. Neuf milliards d’euros d’investissement y sont déjà consacrés. « On ne veut pas interdire les chaudières à fioul d’ici dix ans comme certains ont cru le comprendre, mais toutes les renouveler d’ici dix ans. »
Le premier parc éolien en mer installé à Saint-Nazaire
L’Etat s’engage à cesser de produire de l’énergie carbonée, ce qui implique la fermeture de l’ensemble des centrales à charbon d’ici 2022. A la place, le président souhaite la la montée en puissance de la géothermie et de la méthanisation. A l’horizon 2030, la production du parc éolien terrestre sera triplée, celle du photovoltaïque multipliée par cinq.
L’exécutif a évoqué aussi la création du premier parc éolien en mer, construit à Saint-Nazaire durant le quinquennat avec le lancement de quatre nouveaux appels d’offre.
Le président s’engage également à attribuer sept à huit milliards d’euros aux énergies renouvelables.
14 réacteurs nucléaires fermés d’ici 2035, aucun avant 2020
Très attendu sur le nucléaire, le chef de l’Etat s’est engagé à en réduire la part à 50% d’ici 2035, soit un report de dix ans sur l’objectif initial affiché pendant la campagne présidentielle. Ainsi, 14 réacteurs nucléaires de 900 MWh seront fermés d’ici 2035 : d’abord les deux réacteurs de Fessenheim à l’été 2020, puis 4 à 6 réacteurs mis à l’arrêt entre 2025 et 2030, et le reste d’ici 2035.
Les sites concernés seront précisés prochainement. Mais aucune fermeture complète des sites n’est à l’ordre du jour : « réduire la part du nucléaire, ce n’est pas pour autant renoncer au nucléaire ».
« Une écologie populaire »
Emmanuel Macron veut une « écologie populaire » qui ne serait pas réservée « aux urbains et aux bobos ». Il appelle de ses vœux une « concertation nationale » pour les trois prochains mois, rassemblant tous les responsables politiques, associatifs, syndicaux, patronaux, acteurs de la transition, etc.
Le chef de l’État a notamment invité les représentants des gilets jaunes à participer à ces concertations.
Je retiens de ces derniers jours qu’il ne faut pas renoncer au cap quand il est juste, mais qu’il faut changer de méthode car les concitoyens ont considéré qu’on leur imposait ce cap d’en haut. Par des décisions et changements de règles ou par des taxes, sans leur apporter des solutions concrètes.
La taxe sur les carburants adaptée au prix du pétrole
Concernant précisément la hausse de la taxe sur le carburant, motif de contestation principal du mouvement des gilets jaunes, le chef d’Etat souhaite l’adapter aux variations du marché du pétrole. Un rendez-vous devrait être fixé tous les trimestres pour « atténuer l’effet d’une envolée des cours mondiaux ».